Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T02.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’y avait donc qu’une seule question sérieuse, celle de savoir si Archippé avait pu être léguée par Pasion ; mais Apollodore aurait dû prouver d’abord qu’Archippé était une épicière. Or, il ne fournit aucune preuve ; car il n’est pas sérieux de dire que si Archippé avait eu des parents vivants, ses adversaires les auraient produits comme témoins.

Il paraît certain que la nouvelle tentative d’Apollodore ne fut pas plus heureuse que la première, et il faut convenir que les moyens proposés pour justifier l’action en faux témoignage n’étaient nullement concluants. Ce n’était pas avec de si faibles armes qu’Apollodore pouvait prendre sa revanche contre Phormion, ou plutôt contre Démosthène. La date du procès doit être placée peu de temps après le procès de Phormion, c’est-à-dire en 352 ou 354. Quant à la question de savoir quel est l’auteur de ces deux plaidoyers elle est du plus haut intérêt ; car, si Démosthène en était l’auteur, il se trouverait avoir plaidé le pour et le contre, et vendu sa plume aux deux adversaires dans un même procès. C’en été une mauvaise action, même à Athènes, mais nous ne croyons pas que Démosthène s’en soit rendu coupable. Il importe d’indiquer ici en peu de mots les raisons sur lesquelles se fonde cette opinion négative, et qui ont été complètement réunies par A. Schoefer. .

Les discours qui portent le nom d’Apollodore ont été recueillis en même temps que ceux de Démosthène et publiés parmi les plaidoyers de Démosthène par les grammairiens d’Alexandrie ; mais on ne peut conclure de ce fait que Démosthène en soit l’auteur, ni même que telle ait été l’opinion de ses éditeurs. On faisait entrer dans la collection tout ce qui s’y rattachait, de près ou de loin, sans préjuger la question d’authenticité. Aussi, un grand nombre des discours qu’elle contient étaient déjà tenus pour suspects par les anciens critiques, et notamment par Libanius, dans ses arguments. Mais on comprend qu’à force de lire ces discours parmi les œuvres de Démosthène, on se soit habitué à les considérer comme étant de Démosthène.