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TÉMOIGNAGE.

Vous voyez, juges, ce qu’il faut penser de cette prétendue amitié entre Lycon et Callippe. Non seulement Lycon n’avait pas recours à lui pour ses affaires, mais jamais il n’est descendu chez lui, et les amis de Callippe, qui attestent tant de choses, n’ont pourtant pas osé déclarer que Lycon descendait chez Callippe, sachant bien que s’ils faisaient un pareil mensonge, on le découvrirait sur-le-champ en donnant la question aux esclaves(17). Mais je veux vous donner encore une raison assez forte, si je ne me trompe, pour vous montrer jusqu’à l’évidence que toutes les histoires de Callippe sont un mensonge. Si Lycon aimait Callippe et le traitait en ami, comme Callippe l’affirme, et s’il voulait lui donner l’argent dont il s’agit, pour le cas où il viendrait à mourir(18), n’aurait-il pas mieux fait de déposer cet argent chez Callippe, devant témoins ? De la sorte, s’il revenait sain et sauf, il reprenait son argent sans difficulté, des mains d’un ami, du proxène de sa nation ; s’il venait à mourir, il se trouvait avoir donné, en présence de témoins ; ses intentions étaient remplies. Cela n’était-il pas plus convenable que de laisser les fonds à la banque ? Pour moi, je crois que le premier parti était le plus régulier et en même temps le plus noble. Eh bien, il n’a rien fait de tout cela, et vous verrez là sans doute une présomption très forte. Au lieu de cela, il a fait inscrire Céphisiade sur les livres et a donné ordre de lui faire le payement.

Réfléchissez encore à ceci, juges : Callippe était citoyen d’Athènes, très en état de nous faire du bien ou du mal ; Céphisiade, au contraire, n’était qu’un métèque, un homme de rien. On ne peut donc supposer que mon père. ait voulu servir Céphisiade, contre tout droit, plutôt que