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lui que je suis venu avec des témoins et que je t’ai sommé de me représenter ou les fonds déposés ou la personne qui les a reçus(8), et que si l’on veut me dépouiller de ce qui m’appartient, c’est à un proxène qu’on aura affaire. » - A ces mots, « Callippé, lui dit mon père, je suis tout disposé à te faire plaisir (bien insensé si je ne l’étais pas), pourvu que je n’aie ni reproches à craindre, ni responsabilité à encourir. Parler ainsi à Archébiade et Aristonoûs, et même à Céphisiade, ne m’embarrasse point. Mais s’ils ne veulent pas faire ce que je leur dirai, tu pourras leur parler toi-même. » - « Sois tranquille, Pasion, dit Callippe ; si tu veux, tu les forceras à faire tout ce qu’il te plaira. »

Ces paroles dites à mon père par Callippe, répétées par mon père à Archébiade et à Céphisiade, sur la demande de Callippe et pour lui faire plaisir, sont le germe d’où est sorti tout ce procès. J’ai voulu affirmer par le plus sacré des serments que je répète ce que m’a dit mon père. Callippe, qui prétend aujourd’hui ne dire que la vérité et qui veut qu’on le croie, est resté trois ans sans agir, après que mon père eût parlé pour la première fois à Archébiade et aux autres amis de Céphisiade, et que ceux-ci eurent expressément refusé d’avoir aucun égard aux dires de Callippe. Mais il s’aperçut que mon père devenait infirme, qu’il avait peine à monter en -ville, et que ses yeux l’abandonnaient. Aussitôt il lui intente une action, non pas en payement d’une dette d’argent, mais en réparation de dommages(9). Il dit qu’on lui a fait tort en payant à Céphisiade l’argent déposé à la banque par Lycon d’Héraclée, alors qu’on s’était engagé à ne pas se dessaisir des fonds sans l’avoir prévenu. Puis, après avoir intenté l’action, il retire les pièces de chez l’arbitre public, et engage mon père à constituer un arbitre privé(10), Lysithide, ami