Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T02.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

PLAIDOYER

Ce n’est pas chose commode, juges, de plaider contre un homme qui, avec du crédit et l’habitude de la parole, ne craint pas de mentir et n’est pas en peine de trouver des témoins. C’est alors une nécessité pour la défense de ne plus se borner à parler de l’affaire, mais de s’en prendre à la personne du plaideur et de montrer qu’il ne faut pas le croire sur sa réputation. Aussi bien, si vous introduisez l’usage de prêter l’oreille aux gens qui ont du crédit et l’habitude de la parole, de préférence à leurs adversaires moins bien pourvus, vous vous trouverez avoir donné des armes contre vous-mêmes. J’ai donc une prière à vous adresser. Si jamais vous avez examiné une affaire en elle-même, sans parti pris ni pour la demande ni pour la défense, sans considérer autre chose que le droit, jugez encore aujourd’hui de la même façon. Je prends le récit des faits au commencement.

Ce Lycon d’Héraclée(2), dont parle mon adversaire, juges, se servait, comme tous les autres commerçants, de la banque de mon père. Il avait pour hôtes Aristonoüs de Décélie et Archébiade de Lamptra(3). C’était un homme d’un caractère prudent. Sur le point de s’embarquer pour la Libye, il régla ses affaires avec mon père, en présence d’Archébiade et de Phrasios, et donna l’ordre de payer à Céphisiade les fonds qu’il laissait chez nous (seize mines et quarante drachmes, comme je vous le montrerai très exactement). Ce Céphisiade, disait-il, était son associé, demeurant à Scyros, mais en ce moment absent pour