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il donne gain de cause à Callippe. Apollodore, tant en son nom qu’au nom de son frère mineur, exerce un recours devant le tribunal des héliastes, et soutient au fond que Pasion a bien payé, en la forme, que la sentence arbitrale est nulle parce que Lysithide n’a pas prêté serment après avoir été mis en demeure de le faire.

La discussion est facile à comprendre et n’a besoin d’aucune autre explication. Elle nous fournit de précieux renseignements tant sur les fonctions des proxènes que sur le mécanisme des banques athéniennes. On y voit comment se faisaient les payements, comment se réglaient les comptes de dépôt, comment se pratiquaient les oppositions.

Quant à la question de droit, le moyen de nullité proposé par Apollodore paraît bien fondé. A la différence des arbitres publics, les arbitres privés, choisis librement par les parties en vertu d’un compromis, devaient prêter serment avant de rendre leur sentence. Celle-ci ne pouvait être frappée d’appel, mais à condition qu’elle fût régulière en la forme. Dans le cas contraire, un recours était ouvert devant le tribunal des héliastes, qui annulait la sentence rendue et jugeait le fond[1].

Callippe, à ce qu’il semble, ne soutenait pas bien sérieusement la validité de la sentence arbitrale, car il plaidait surtout la question du fond, et se prévalait de ce que, suivant lui, Pasion aurait refusé de prêter devant l’arbitre le serment décisoire. Mais, si le fait eût été vrai, répond avec raison Apollodore, comment expliquer que l’arbitre n’eût pas immédiatement condamné Pasion ?

Ce plaidoyer est le premier des discours prononcés par Apollodore dans les affaires relatives à la succession de son père le banquier Pasion. Tout porte à penser que ces discours ont été composés par Apollodore lui-même, et que s’ils ont été insérés dans la collection des œuvres de Démosthène, c’est précisément parce que Démosthène a été l’adversaire d’Apollodore, et a défendu contre lui ce même Phormion, dont Apollodore

  1. Voyez le 3e discours contre Aphobos, § 58-59.