espérer qu’Apatourios s’abstiendrait de me poursuivre, moi qui l’avais contraint de s’exécuter envers Parménon ? Après avoir exigé de lui en toute rigueur la somme pour laquelle je l’avais cautionné envers la banque, quels ménagements pouvais-je encore attendre de sa part ?
Réfléchissez encore à ceci, juges : jamais je n’aurais nié le cautionnement si je l’avais réellement donné. Cet aveu me rendrait bien plus fort quand je demande que l’on recoure aux termes de l’acte constitutif du compromis. Les témoins vous ont dit que le compromis désignait trois arbitres. Du moment que la sentence n’a pas été rendue par tous les trois, pourquoi irais-je nier le cautionnement ? Tant que la sentence n’est pas rendue conformément à la convention, il n’y a pas d’action contre moi à raison de mon, cautionnement. Vous voyez donc bien, juges, que si j’avais donné mon cautionnement, je ne négligerais pas ce moyen de défense qui s’offre de lui-même, pour aller nier le fait.
Les témoins vous ont encore dit que depuis la disparition du compromis par le fait d’Apatourios et de ses amis, Apatourios et Parménon ont cherché à en faire un autre, le premier ne pouvant plus produire aucun effet. Si donc ils ont tenté de faire un nouveau compromis au sujet de la sentence à rendre, et pour remplacer l’original égaré, comment un arbitrage ou un cautionnement auraient-ils pu avoir lieu tant que le nouveau compromis n’était pas écrit ? C’est précisément faute de s’entendre sur ce point qu’on ne put rédiger un nouvel acte, l’un ne voulant qu’un arbitre et l’autre en exigeant trois. Quand le compromis primitif a disparu, par lequel j’aurais donné mon cautionnement, au dire d’Apatourios, et quand il n’en a pas été dressé d’autre, comment est-on fondé à me faire un procès, à moi contre qui on n’a aucun acte à produire ?