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avoir acquis de moi mon tiers dans la maison dont il s’agit. Vous allez bientôt voir que ce témoignage est faux. D’abord, Criton n’est pas assez économe pour acheter la maison d’un autre. Prodigue et déréglé, il dissipe à la fois son bien et celui d’autrui. De plus, ce n’est pas un témoin venant déposer à l’appui de ce que dit cet homme, c’est un adversaire qui vient plaider contre moi. En effet, — qui d’entre vous ne sait cela ? — les témoins doivent précisément n’avoir aucun intérêt dans l’affaire au sujet de laquelle l’action a été intentée. Les adversaires au contraire sont ceux qui ont un intérêt dans l’affaire qui se plaide avec eux. C’est le cas de Criton. J’ajoute ceci : ni parmi vous, juges, qui êtes pourtant si nombreux, ni dans tout le peuple d’Athènes, il ne se trouve aucun témoin qui déclare avoir assisté à cette vente, à l’exception de Timocrate. Lui seul, arrivant comme par un coup de théâtre, déclare que mon père a célébré pour Bœotos le festin du dixième jour, et pourtant il est contemporain du défendeur que vous avez là devant vous. Il affirme avoir pleine connaissance de tous les faits que ces hommes ont intérêt à établir, et aujourd’hui il déclare, à lui seul, avoir assisté Criton lorsque ce dernier a acheté de niai la maison. À qui d’entre vous cela peut-il sembler croyable ? Alors surtout que je plaide aujourd’hui, non sur la maison, pour savoir si Criton l’a achetée ou non, mais sur la dot que ma mère a apportée et que les lois me donnent le droit de reprendre.

Je vous ai montré, par de nombreux témoignages et par des présomptions, que ma mère a apporté en dot un talent, que je n’ai pas fait la reprise de cette somme sur la succession paternelle, et que la maison a été par nous exclue du partage en prévision des reprises à exercer. Eh bien ! exigez de cet homme qu’il fasse de même et