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pourtant je n’en observe pas moins, à leur égard, les formes de la procédure, et je produis des témoins qui répondent de leurs déclarations (24). Cependant les risques ne sont pas égaux entre nous. Si vous vous laissez tromper aujourd’hui par ces hommes, je ne serai plus recevable à intenter une nouvelle action au sujet de la dot (25). Eux, au contraire, s’ils prétendent que l’arbitre m’a injustement renvoyé des fins des actions portées devant lui, ils pouvaient dès le début former un recours devant vous, et maintenant encore ils peuvent, s’ils le veulent, s’adresser à vous pour qu’il leur soit fait droit à mon égard. Ce n’est pas tout : si par malheur vous m’abandonnez, je n’aurai pas de quoi pourvoir à la dot de ma fille. C’est moi qui lui ai donné le jour, mais, si vous pouviez voir comme elle est formée, vous la croiriez ma sœur bien plus que ma fille. Au contraire, si vous me venez en aide, ces hommes n’auront rien à débourser de leur fonds. Ils me rendront ce qui m’appartient en m’abandonnant la maison que nous avons, d’un commun accord, exclue du partage pour servir au payement de la dot, et qui n’est habitée aujourd’hui que par eux seuls. En effet, j’ai une fille en âge d’être mariée ; il ne me convient pas de vivre en commun avec des gens de cette sorte, qui, menant eux-mêmes joyeuse vie, introduisent encore dans la maison de nombreux compagnons semblables à eux. Et d’ailleurs je ne crois vraiment pas qu’il fût sans danger pour moi de vivre avec eux sous le même toit. Quand ils ont si ouvertement comploté contre moi pour me faire une affaire devant l’Aréopage, croyez-vous qu’ils soient hommes à reculer devant un empoisonnement, ou tout autre crime ? Par exemple, — ceci me revient à l’instant en mémoire, — ils ont poussé l’audace jusqu’à joindre au procès le témoignage de Criton qui prétend