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à laquelle il a donné son acquiescement, ainsi que les témoins vous l’ont déclaré. Pour celles-là je n’ai pas pensé qu’il fût juste de les remettre en question. Où serait le terme de nos compromis si, revenant sur des choses terminées par un arbitrage régulier, j’eusse constitué un autre arbitre pour connaître des mêmes griefs ? Je sais bien qu’en général on ne doit pas abuser d’une sentence arbitrale, mais je sais aussi que si j’ai le droit d’agir à la rigueur envers quelqu’un, c’est envers lui. Voyez en effet. Je suppose qu’on le mette en accusation comme usurpant la qualité de citoyen, et qu’on appuie cette accusation sur le désaveu émané de mon père déclarant avec serment que cet homme n’est point son fils, aurait-il quelque autre moyen à opposer, que le serment prêté par sa mère et l’acquiescement forcé donné par mon père à la sentence de l’arbitre ? Ainsi en vertu d’une sentence arbitrale il est devenu votre concitoyen (20), il a partagé la succession avec moi, toutes ses demandes raisonnables ont été accueillies, et après cela il prétend faire revivre toutes les actions sur lesquelles j’ai obtenu mon renvoi, lui présent, contredisant, acquiesçant à la décision rendue. Il y aurait lieu de se plaindre si cette prétention pouvait vous paraître fondée. Elle se réduit en effet à ceci : Les sentences arbitrales ont force de chose jugée si cela lui convient ; mais, si cela ne lui convient pas, sa volonté sera plus puissante que les décisions rendues d’après vos lois. Et voyez la ruse. Lorsqu’il me faisait sommation de consentir à cet arbitrage, ce n’était pas pour s’arranger avec moi, c’était pour atteindre le but que, depuis onze ans déjà, il poursuivait par ses artifices, c’est-à-dire pour faire tomber les sentences arbitrales qui m’avaient renvoyé des fins de ses demandes, pour reprendre méchamment toutes ces demandes depuis le commencement,