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utile pour vous et pour eux. À ce sujet cet homme m’intente une action, prétendant que j’ai recouvré une créance due à la succession de mon père par la ville de Mitylène. Au fond il est un prête-nom de Camma, tyran de Mitylène, qui est à la fois l’ennemi de votre république et mon ennemi particulier. Les Mityléniens avaient bien en effet décerné une récompense à notre père, mais elle lui fut remise immédiatement, et il ne lui était rien dû à Mitylène. Je vais vous produire, sur ce point, le témoignage de vos partisans.

TÉMOIGNAGE.

J’aurais encore beaucoup à vous dire, juges, et des choses graves, sur les torts qu’a faits cet homme soit à moi, soit à quelques-uns d’entre vous. Mais il ne reste que peu d’eau dans la clepsydre, et je suis forcé de laisser cela de côté. Au surplus ce que je viens de dire suffit, je crois, pour vous montrer combien sa prétention est invraisemblable. Il a dressé contre moi une accusation où il y va de l’exil, il plaide contre moi des affaires qui ne le regardent pas. L’homme qui a fait cela n’a pas pu être pris au dépourvu devant l’arbitre. Si donc il entreprend de se défendre ainsi, j’espère que vous ne l’écouterez pas. S’il prétend qu’il a voulu faire un compromis général, en prenant pour arbitre Conon, fils de Timothée, et que je n’ai pas voulu consentir à cet arbitrage, soyez bien convaincu qu’il s’efforce de vous tromper. En effet, sur toutes les contestations non encore terminées, j’étais prêt à constituer Conon ou tout autre arbitre impartial qui aurait convenu à mon adversaire ; mais il a existé entre nous d’autres contestations ; sur celles-là cet homme a trois fois comparu et plaidé devant l’arbitre, et j’ai été renvoyé des fins de la demande par une sentence arbitrale