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que c’est moi, et non pas lui. En outre, tous ceux qui ont assisté aux débats devant l’arbitre vous ont déclaré que cet homme, quoique présent en personne lorsque l’arbitre m’a renvoyé des fins de la demande, au lieu de former un recours au tribunal, a donné son acquiescement à la sentence. Eh bien, j’ai peine à comprendre ceci. D’habitude les plaideurs mécontents forment des recours devant vous pour des affaires du plus faible intérêt, lui au contraire, après avoir intenté contre moi une action dotale en payement d’un talent, acquiesce à la sentence arbitrale qui, injustement selon lui, l’a débouté de son action. On me dira peut-être : c’est un homme qui ne veut pas d’affaires et qui fuit les procès. Je voudrais bien, juges, que cela fût vrai. Mais la vérité, la voici : vous êtes humains, vous autres, et bons pour tout le monde, à ce point que vous n’avez même pas voulu envoyer en exil les enfants des Trente (15). Lui, au contraire, m’a tendu un piège, de concert avec Ménéclès, qui a ourdi toutes ces trames. À force de contradiction et d’injures, il a provoqué une rixe. Il s’est frappé lui-même à la tête, et m’a poursuivi pour coups et blessures devant l’Aréopage (16), où il y allait pour moi de l’exil. Si le médecin Euthydicos, à qui ces hommes s’étaient d’abord adressés pour qu’il leur fit ces plaies à la tête, n’était pas venu, de lui-même, déclarer, devant le sénat de l’Aréopage, la vérité tout entière, cet homme aurait obtenu contre moi, qui ne lui avais fait aucun mal, une condamnation que vous ne voudriez pas faire prononcer contre ceux-là mêmes dont vous auriez le plus à vous plaindre. Pour vous prouver que ce n’est pas là une calomnie, lis-moi les témoignages.