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mère de ces hommes n’a apporté aucune dot, et ce qu’ils disent est un mensonge. Vous voilà, je crois, suffisamment édifiés sur ce point. Il me sera facile maintenant de vous prouver que ma mère en a apporté une. D’abord elle était fille de Polyaratos, qui était en honneur auprès de vous, et possédait une grande fortune. Ensuite les témoins vous ont déclaré que sa sœur, en épousant Éryximaque, beau-frère de Chabrias (11), lui a apporté une dot de même valeur. Ce n’est pas tout. Vous avez vu que ma mère a d’abord été donnée en mariage à Cléomédon, fils de ce Cléon qui conduisit vos ancêtres à la guerre, et fit prisonnier à Pylos tout un corps de Lacédémoniens (12). Or on sait que Cléon était un des plus grands personnages de cette ville. Il n’aurait donc pas pu convenir à son fils d’épouser une femme sans dot. Il n’est pas non plus probable que Ménexène et Bathylle, qui possédaient eux-mêmes une grande fortune, et qui après la mort de Cléomédon avaient retiré la dot, aient enlevé cette dot à leur sœur, au lieu de la lui donner une seconde fois en la mariant à notre père, ainsi qu’il a été déclaré devant vous, et par eux et par les autres personnes de la famille. Songez encore à ceci : si ma mère n’avait pas été l’épouse légitime, et n’avait pas apporté de dot, si c’était au contraire la mère de ces hommes qui eût apporté une dot, quelle raison aurait pu porter mon père à désavouer ces hommes, pour m’adopter et m’élever ? C’est, diront-ils, qu’en leur faisant subir un pareil traitement, mon père cédait à mes suggestions et à celles de ma mère. Mais celle-ci est morte me laissant très jeune orphelin. Leur mère Plangon, au contraire, femme d’une beauté remarquable, avait déjà des relations avec mon père avant ce décès, et les a continuées depuis. Apparemment s’il eût voulu complaire à quelqu’un, c’eût été à