de mon père, je me suis marié à l’âge de dix-huit ans, et par suite j’ai déjà une fille en âge d’être mariée. Bien des raisons doivent donc vous porter à me venir en aide en maintenant mon droit, et à juger sévèrement la conduite de ces hommes. Il leur était facile, j’en atteste la terre et les dieux, de faire droit à mes réclamations, et d’éviter ainsi une comparution devant le tribunal. Au lieu de cela ils ne rougissent pas de rappeler à vos souvenirs ce que notre père a pu faire d’irrégulier dans sa vie, ce qu’ils ont eu eux-mêmes de torts envers lui, et ils me forcent de plaider contre eux. Pour bien vous faire voir que ce n’est pas ma faute, qu’au contraire c’est uniquement la leur, je vais vous raconter, le plus brièvement que je pourrai, tout ce qui s’est passé, depuis le commencement.
Ma mère, juges, était fille de Polyaratos de Cholarge (02), sœur de Ménexène, de Bathylle et de Périandre. Mariée par son père à Cléomédon, fils de Cléon, elle reçut un talent de dot, et vécut d’abord avec ce mari. Elle en eut trois filles et un fils nommé Cléon ; après quoi, ayant perdu son mari, elle quitta la maison et reprit sa dot. Elle fut ensuite remariée par ses frères Ménexène et Bathylle — car Périandre était encore enfant, — qui lui constituèrent la même dot d’un talent, et elle vécut avec mon père. Je suis né de ce mariage, moi, et un frère plus jeune que moi, qui est mort étant encore enfant. Pour vous prouver que tous ces faits sont vrais, je vais d’abord vous produire les témoins.
TÉMOINS.
Après avoir épousé ma mère, ainsi que vous venez de l’entendre, mon père la reçut dans sa maison comme sa femme légitime ; il m’éleva et me porta l’affection que vous portez tous à vos enfants. Mais en même temps il