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PLAIDOYER.

Rien n’est plus douloureux, juges, que de s’entendre donner par certains hommes le nom de frère, alors que par le fait on trouve en eux des ennemis, et de se voir enfin, à bout de patience, contraint d’aller devant un tribunal, comme il m’arrive aujourd’hui. Le premier de mes malheurs a été que Plangon, la mère de ces hommes, ayant trompé mon père et ouvertement violé son serment, a mis mon père dans la nécessité de les adopter, ce qui m’a coûté les deux tiers de la succession paternelle. Mais les choses n’en sont pas demeurées là. J’ai encore été chassé par ces hommes de la maison paternelle où je suis né, où j’ai été élevé, où ils ont été reçus non par mon père, mais par moi-même, après le décès de mon père ; et je me vois enlever la dot de ma mère, qui fait l’objet du présent procès. Et pourtant je leur ai fait raison sur toutes les actions qu’ils m’ont intentées, sauf peut-être sur la demande contraire (01), qu’ils ont méchamment formée contre moi à l’occasion du procès actuel, ainsi que vous le verrez clairement ; d’eux, au contraire, dans l’espace de onze ans, je n’ai pu obtenir aucune concession raisonnable, et vous êtes aujourd’hui mon unique refuge. Je vous prie donc tous, juges, de m’écouter avec bienveillance, comme un homme qui fait ce qu’il peut pour plaider son affaire ; et si vous trouvez qu’on s’est mal comporté à mon égard, pardonnez-moi de chercher à recouvrer ce qui m’appartient, alors surtout qu’il y va de l’établissement de ma fille. En effet, cédant au désir