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La joie revenue au cœur de Jasmin encourageait l’amoureuse. Le garçon s’égayait le long de la Seine. Il voulut cueillir une branche de salicaire et s’approcha de l’eau, parmi les joncs du bord : le reflet de la rivière illumina son visage d’un or fluide.

— Est-il joli !

Il rappela à Martine ces jeunes satyres aux chairs roses ou hâlées qu’on voit à Étioles dans certains tableaux : ils penchent sur des urnes ou des conques, parmi des plantes aquatiques, leurs tétons bruns qui frôlent les pétales des nymphéas.

Jasmin revint, offrant à Martine la vergette empourprée de la fleur tardive.

— Merci, dit-elle. Je la porterai dans ma chambre en souvenir de toi.

Puis le jardinier interpella le sacristain Euphémin Gourbillon, qui promenait dans un clos son maigre personnage :

— La belle récolte, Euphémin ! Il y a de quoi rougir le nez à tous les sonneurs de cloches de notre capitainerie de Sens !

Il en interpella d’autres encore et se laissa accoster par maint villageois, au grand dépit de Martine.

Elle n’osa et ne put rien dire à Jasmin, moitié par timidité de jeunesse, moitié à cause des bavards de la route, et ils se trouvèrent ainsi près de la tannerie de Gillot.

— Ah ! Martine ! s’écria la tante, c’est gentil de venir