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de vespetro, que débitait un charlatan, et le soir la mère Buguet pétrissait des « roussettes ».

Le village les fiança. Cependant ils avaient échangé des œillades tendres, des serments enflammés, des baisers en cachette, derrière la porte, quand le garçon venait passer la veillée chez Rémy Gosset et que la fillette le reconduisait jusqu’au seuil, « histoire de voir les étoiles ». Un après-midi que Martine, sortie pour cueillir des cerises, avait délaissé son rouet, Jasmin couvrit le fuseau de roses pompon, de sorte qu’elle trouva, en revenant avec son panier plein, une chose aussi belle et vive que le sceptre de Flore.

D’ailleurs Martine était sage. On ne l’avait jamais surprise dans une grange, le sein hors du corsage, dans l’attitude de celles qui imitent sur les bottes de foin ce que les pigeons, après s’être becquetés, pratiquent à deux sur les gouttières. Nul galant n’était monté à la petite fenêtre de sa chambrette ; ni son parrain Rémy Gosset, ni sa marraine Laïde Monneau, chez qui elle habitait parfois, n’avaient trouvé de chapeau d’homme sous son lit.

Rien pourtant n’avait été décidé entre Buguet et la soubrette. Aujourd’hui le jardinier comptait vingt-trois ans et Martine atteignait son dix-neuvième octobre. Elle pensa qu’il était temps de songer au mariage :

— Je vais parler !