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d’un garie dans la forêt de Sénart. Elle s’avance, brillante et vive, comme si la sève du taillis l’incendiait. Elle a les traits de Mme d’Étioles.

Un cri d’Étiennette tire Jasmin de sa rêverie.

— Oh ! la grosse pomme !

L’enfant a l’air de tenir une boule de feu dans ses mains brunes et agite ses pieds nus en signe de plaisir.

— Elle est presque grosse comme un cœur de cochon, dit Tiennette.

Elle retourne le fruit et ajoute, sérieuse :

— Oui, c’est un cœur, un cœur gonflé comme le vôtre, vous qui soupirez tant !

— Ce n’est pas pour toi, morveuse !

— Parions que c’est à cause de Martine, jeta avec malice la fûtée.

— Pas davantage !

— Qui donc lui met la berlue à l’esprit ? Faudra que je devine, se dit Tiennette.

À midi elle s’en alla, inquiète pour son amie Martine.

— À qui songe Jasmin ? Je ne l’ai jamais vu ainsi !

Perdue dans ses réflexions, elle ne vit point le marquis d’Orangis qui la guignait d’une petite fenêtre de son castel. Il lui faisait des signes avec la main qui venait de fourrer du tabac d’Espagne dans son nez de vieux singe. Il portait une robe de chambre d’homme de qualité et un ancien bonnet de