Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il trouva pour Buguet quelques travaux dans des cures et des couvents.

De son côté Martine allait coudre à Melun chez des bourgeois. Elle rapportait quelques sols. Mais elle était obligée de revenir au bord de la Seine par des nuits où le vent sifflait. Jasmin allait à sa rencontre et ils rentraient sans espérance de jours meilleurs. En hiver, ils se couchaient tôt pour ne consommer ni huile ni chandelle, et ils ne se nourrissaient souvent que de pain d’orge et d’avoine. Jasmin, le dos voûté, rattachait ses semelles avec des cordes pour peiner dans son jardin et Martine, les traits tirés, la mine creuse, finit, quand elle se rendait à Melun, par ressembler à une vieille pauvresse qui va quêter par les chemins.

Les Buguet avaient toujours gardé à leur muraille le portrait de la marquise de Pompadour. Jasmin cultivait quelques fleurs pour composer des bouquets qu’il mettait pieusement sous l’image.

Cette fidélité redoublait l’acharnement du village. Les gens rendaient les pauvres jardiniers responsables des exactions croissantes qui amaigrissaient leurs pitances. On leur montrait le poing :

— Vous recracherez ce que vous avez avalé chez les nobles !

Les paysans récriminaient contre le droit exclusif de chasse, celui de fuies et de colombiers. La dîme les exaspérait.