disant que les fleurs écartent les idées de mort.
Buguet fut plusieurs fois près du souverain, s’agenouillant, sur l’ordre de M. de l’Isle, pour tenir ouverte une esquisse, apportant des paquets de semences où le roi aimait à plonger la main. Le jardinier était ébloui par la majesté qu’il prêtait à son maître. Louis XV parlait peu, d’une voix douce, qui glissait comme une caresse d’aile.
Chaque fois que le Roi venait, il prenait une collation. Agathon Piedfin et d’autres cuisiniers préparaient les mets et le monarque mangeait sous une tente qu’on dressait au-dessus du coteau et sur laquelle flottait un drapeau blanc aux fleurs de lys.
Pendant ces visites, Jasmin suivait du regard la Marquise partout où elle se promenait. Agathon Piedfin lui dit :
— Quand Mme de Pompadour est ici, tu as l’air d’un astrologue qui suit la queue d’une comète. Point ne convient de lorgner ainsi les grandes dames.
La Marquise revenait chaque fois avec des grâces imprévues. Elle portait une larme en perle qui roulait sur ses cheveux poudrés, ou bien un ruban de velours noir qui rendait son cou si blanc et si voluptueux que Jasmin y songeait longtemps. Un après-midi elle ouvrit une ombrelle en soie, décorée de miniatures chinoises sur mica et elle parut à Buguet la princesse étrange d’un pays lointain.