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— Les jolies fleurs ! Elles viennent à point pour qu’on ne pille pas mes plates-bandes. Jasmin, mon ami, vous arrivez toujours à propos !

Le jardinier baissa la tête. Il faillit se jeter aux pieds de Mme d’Étioles.

— Savez-vous garnir les corbeilles ? demanda-t-elle.

— C’est mon métier, Madame !

— Apportez vos fleurs par ici et mettez-vous à l’ouvrage ! Aide-le, Martine !

Les jeunes gens aussitôt enlevèrent les jolis fardeaux où les corolles multicolores se mêlaient aux calices satinés, aux thyrses rigides ou légers et se reflétaient sur leurs visages ; ils les déposèrent dans le grand vestibule où pendait une lanterne soutenue par des amours rieurs qui émergeaient d’ornements d’argent.

Jasmin n’osait lever les yeux. Il sentait la marquise près de lui comme on devine le voisinage d’un buisson d’aubépines.

Quand la charrette fut vide, Buguet la conduisit sous un abri, en dehors de l’enclos et il donna lui-même le picotin à « Blanchon ». Puis il retourna auprès des corbeilles. Martine les avait disposées sur la table d’un grand salon. Cette pièce, peinte en blanc avec de fines moulures d’or, était ornée de tableaux où Jasmin entrevit des fêtes sous les arbres roux, des joueurs de mandoline aux pieds de dames,