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jour plus hardiment, sur le terrain de la concurrence universelle. Les États-Unis, qui prêtent à l’Europe, se préparent à la remplacer sur ses domaines d’expansion et, tout d’abord, à lui ravir l’Amérique du Sud. Le Japon, de son côté, organise sa pénétration sur les marchés d’Extrême-Orient. Sur tous les terrains, les conséquences de la guerre se font sentir dans la situation de l’Europe. Sur le terrain industriel, la grande usine européenne s’était brusquement ralentie, voire même arrêtée ; elle dut produire pour la guerre et délaisser ses clients d’outre-mer ; elle voit maintenant ses rivaux installés sur ses anciens marchés ou bien ses anciens clients outillés pour produire eux-mêmes. Dans le domaine maritime, la flotte européenne, surmenée ou décimée, ne pouvait plus suffire aux transports du monde ; États-Unis et Japon ont construit assez de bateaux pour prétendre au rôle de rouliers des mers. Au cours de quatre siècles de négoce et de colonisation, l’Europe avait bâti sa fortune sur l’exploitation de l’univers. Agent financier, commercial, manufacturier, colonisateur, elle avait en quelque sorte mis le monde en régie.