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apporté leur contingent sur le marché ; quant au Brésil, il a exporté en 1917 plus de 13 000 tonnes de sucre, chiffre dix fois plus fort que celui de 1912. Denrée précieuse et chère, le sucre, impose à l’Europe une lourde dépense que, faute de produits d’échange, elle doit en partie solder avec de l’or. À ces vivres il faudrait ajouter des masses d’autres objets de première nécessité dont la guerre avait créé en Europe l’impérieux besoin : c’est ainsi que de grosses commandes de traverses de chemin de fer ont abouti à l’exploitation forestière de certaines parties de l’Amérique du Sud et à des expéditions énormes de bois.

Ces considérations ne nous donnent qu’une faible idée de ce que l’Europe a perdu par déficit de production. Il faut songer non seulement à ce qu’elle dut acheter pour vivre, mais encore à ce qu’elle dut acquérir pour combattre. Vaste machine industrielle avant la guerre, elle fut incapable de suffire à ses fabrications de guerre ; pendant 1916, elle reçut des États-Unis en moyenne 300 millions de francs d’armes et de munitions chaque mois ; les usines américaines faisaient des affaires d’or ; au bout