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tendre aux rendements des ateliers d’usine ; on les voit s’éteindre à mesure que pénètre le progrès industriel ; en bien des régions, la guerre leur a porté le dernier coup ; vivaces encore en Russie, sérieusement menacés en France, ils ont depuis longtemps disparu en Grande-Bretagne.

L’avenir est à la production mécanique, en usine, à l’américaine ; il faut produire en masse, par séries. La méthode n’est pas nouvelle ; elle a fait la fortune de l’industrie cotonnière de Manchester. Mais les Américains l’ont poussée à fond. On subdivise la fabrication en de multiples opérations ; on confie chaque opération aux mêmes ouvriers qui n’ont jamais à exécuter que celle-là ; on obtient une main-d’œuvre, incapable de toute autre opération, mais extrêmement habile dans sa spécialité et d’un énorme rendement. L’ouvrier connaît et commande si bien sa machine qu’il fait pour ainsi dire corps avec elle : d’un côté, la force brute ; de l’autre, la volonté intelligente. On est étonné, quand on visite certaines usines américaines, de n’y presque pas voir d’ouvriers ; on aperçoit surtout des machines, des métiers, des