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par la hausse extraordinaire du prix des denrées alimentaires, consiste dans un développement de la propriété paysanne tel que notre histoire ne nous en présente pas de pareil pour une aussi courte période. Le cultivateur, qui a beaucoup gagné, épargne beaucoup ; il place cette épargne en terre, car la terre est pour lui la seule richesse certaine, plus solide que tout papier et que tout métal, toujours présente, toujours visible, toujours féconde. Les droits perçus pour ventes d’immeubles, qui s’élevaient en 1913 à 183 210 000 francs et à 204 820 000 francs en 1918, ont brusquement monté en 1919 au total énorme de 538 300 000 francs ; quand on cherche à commenter ce chiffre, on constate qu’il faut l’expliquer par l’énorme accroissement du nombre des actes de vente ; c’est donc toute la classe paysanne, petits exploitants et petits propriétaires, qui se rue vers la terre et qui, pour la posséder, dépense peut-être en une seule année deux ou trois milliards de francs. Cultiver la terre est un labeur qui rend et qui paie. Pour l’accomplir et pour le multiplier, il faut des bras. Où trouver ces bras, dociles et rémunérateurs, si ce n’est dans une famille