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d’enfants pour 100 familles varie de 168 à 187 ; c’est à peine plus de trois enfants pour deux familles ; en Normandie, la proportion ne vaut guère mieux. C’est par les classes rurales que la France, nation de paysans, se dépeuple. Tant que la France a été une nation populeuse, elle produisait beaucoup, et de l’excédent de sa production, elle alimentait un grand commerce d’outre-mer ; aujourd’hui ses rivales la distancent de loin. Faute de bras, les champs et les usines rendent moins, relativement aux champs et aux usines de l’étranger.

La France doit faire appel aux étrangers pour recruter sa main-d’œuvre. En 1911, elle contenait 419 234 Italiens, 287 126 Belges, 105 760 Espagnols, 102 271 Allemands ; sans ouvriers étrangers, nous n’aurions pu, ni peupler nos usines du Nord, ni exploiter nos mines de fer de Lorraine, ni cultiver nos vignes du Midi. Tous nos départements frontières, comme par une sorte d’appel au vide, étaient peu à peu envahis par des étrangers ; il venait des Espagnols jusque dans le Gers et le Lot-et-Garonne. Chaque année, un flot de 40 000 ouvriers flamands se déversait sur la France du Nord pour