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monie et ne devienne pas une crise d’existence. Nous ne pouvons pas faire que les usines américaines, avec leurs masses de fer et de charbon, ne soient pas les plus puissantes du monde ; nous ne pouvons pas faire que l’archipel japonais ne soit pas plus proche que nous des côtes d’Extrême-Orient et des peuples de race jaune. Nous devons nous résigner à n’être plus partout les plus forts, et les plus riches. Mais nous pouvons vivre sans la primauté universelle, à condition que cette nouvelle situation ne soit pas chez nous l’indice d’une crise de vitalité. Perdre le premier rang, ce n’est pas nécessairement être faible et pauvre ; partager l’exploitation du monde avec les nouveaux venus, ce n’est pas forcément déchoir, à condition de conserver intactes sa volonté de travail et sa force de production.

Aussi le grand devoir sera d’intensifier le travail afin de produire davantage et mieux. Chaque pays de l’Europe comprendra cet effort de rénovation dans le sens de sa propre originalité ; chacun adaptera son génie et sa force aux circonstances nouvelles. Laissons aux autres peuples le soin de chercher ce qui con-