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territoire pour le travail de guerre leur donne l’idée de ce qu’ils pourraient y faire pour le travail de paix ; à leurs yeux, la France peut devenir une terre d’expérience pour le génie américain. « La France, peut-on lire dans le Philadelphia Inquirer du 21 décembre 1918, ne peut se lasser d’admirer cette œuvre gigantesque du port de Bordeaux qui a consisté à draguer la Gironde, à bâtir des kilomètres de quais, des quantités de magasins et de chemins de fer. L’Amérique va-t-elle continuer à réveiller la France de sa léthargie administrative ? » Recevoir d’Amérique, à la faveur de larges ouvertures de crédit, les matières premières et les objets manufacturés dont elle a besoin pour se refaire, c’est un service assurément que la France attend des États-Unis. Mais il ne paraît pas à souhaiter que des capitalistes étrangers viennent chez nous financer notre production industrielle et contrôler notre vie économique ; l’expansion américaine en France doit être une collaboration et non pas une colonisation.

L’entreprise américaine vise les pays germaniques. Dès l’armistice, des missions viennent en Allemagne pour acheter en masse des pro-