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avec les capitaux américains, pour le plus grand profit de l’Amérique. L’Europe a consacré des siècles à établir sa suprématie universelle : c’est en quelques décades, à l’américaine, que le monde sera converti à la nouvelle puissance. Pour édifier cette hégémonie, l’État garantit son aide aux entreprises privées. Ce même État fédéral qui se montra dans l’économie intérieure l’ennemi acharné des combinaisons d’intérêts, des cartels et des trusts, cet État qui voulut chez lui interdire aux forts d’écraser les faibles, nous le voyons maintenant dans l’économie extérieure favoriser la formation d’unions commerciales pour l’exportation ; on cherche, sous sa protection, à opposer aux acheteurs étrangers une colossale organisation de vente capable de maintenir les cours sur les marchés du monde. La loi Sherman avait aboli les trusts à l’intérieur ; la loi Webb permet aux producteurs américains de s’entendre et de s’unir pour la vente à l’extérieur. Cette loi même ne suffit plus ; des groupes d’exportateurs demandent qu’on autorise ces combinaisons non seulement pour l’exportation des produits nationaux, mais encore pour l’importation des produits étrangers ; ils