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Shinano pour travailler dans une filature de soie. Il n’est pas douteux que le Japon occupe solidement cette porte de la Chine. On pourra masquer la réalité dans la rédaction des titres de possession, mais, en pratique, on ne changera rien au fait économique.

La mission du Japon et le péril blanc. — L’expansion du Japon, œuvre des industriels, des commerçants, des banquiers et des hommes d’État, n’est pas simplement un fait de civilisation matérielle. Ce qui la rend plus dangereuse pour l’Europe, c’est qu’elle devient, dans l’esprit des Japonais qui pensent et qui écrivent, une idée-force qui meut un vif sentiment d’orgueil national. L’impérialisme japonais n’agit pas seulement en vue de satisfaire des intérêts matériels ; il agit au nom d’une sorte de mission qui destinerait le Japon à devenir l’âme dirigeante du monde extrême-oriental. Leurs victoires passées sur la Chine et la Russie avaient déjà donné aux Japonais la croyance qu’ils formaient une nation choisie pour diriger et régenter les autres. La guerre européenne, qui laissa au Japon les mains libres en Extrême-Orient et qui