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le livre de désir

Sabine enlevée par le Romain. Et Jean s’était excusé :

« Vous trouverez ce siège trop élevé. Il nous oblige de poser les pieds sur son rebord… On connaît bien le médiocre de sa taille… »

Elle se taisait, surprise qu’il eût pu lui parler sans émoi de son corps. D’ordinaire, elle ne le sentait que pour en perdre la conscience dans ce qu’avec trouble, elle imaginait de l’amour. Par la rue, avec la liberté que laisse l’Italie, elle avait vu les jeunes gens délier les bras de quelque bouquetière, et renverser sur leur épaule sa tête. Comme il n’avait pas apporté de roses, elle discerna le défaut d’une caresse. Elle sourit, avec un peu d’anxiété et d’ironie… Telles sont les petites filles, malicieuses quand elles rêvent d’amour ; angoissées si on les oublie dans leur solitude. Sur l’abandon, elles ne raisonnent point,