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don. Et debout près de lui, se reculant un peu, elle devait avoir un avide regard… Elle admirait le spectacle de la plaine avec un semblant d’ironie. Car elle se croyait assurée de distraire bientôt sur sa seule tête l’allégresse qu’il conseillait à Jean ; de recueillir ses prières… Elle se pencha sur lui avec réserve, puisqu’elle savait comme ce grand garçon sentimental admettait peu qu’on l’obsède. Et, prenant pour plus d’humilité le tutoiement qu’excuse la langue italienne :

« Que je suis heureuse, murmurait-elle, de te plaire !… Je jouis du bruissement de ma robe dans le silence où il me faisait peur ; et je ne me regarde plus pour connaître si je suis belle. Quand la joie bourdonne, je demeure sans inquiétudes, car je sais bien à qui la dire… Dans la solitude qui me troublait plus qu’aucune rencontre, je n’ai