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le livre de désir

« La grande paix serait de promener un ami silencieux : jamais on ne domine mieux le monde. Ce semblant d’affection isole notre cœur, limite nos espoirs. Quand nous prend un besoin de tendresse, nous songeons au service qui fonda notre amitié… Dorietta exige qu’on l’amuse. Mais lui, il me prendrait toute ma mémoire. Il se chargerait du passé. Et je le laisserais faire le vide en moi pour acquérir plus de résonnance… »

À la Villa Borghèse, monsieur, j’ai souvent remarqué une toile de Merisi de Caravage, un jeune David pâle, vêtu de noir et qui surgit des ténèbres. Il n’a pas de fantaisie que dans ses yeux fiévreux. Un béret et une plume de paon témoignent sa jeunesse et son enfantillage. Pourquoi Jean n’avait-il pris garde à ce baladin de la mélancolie, soutenant l’énorme chef de Goliath, comme s’il