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Nous prendrions ensuite comme point de départ de l’Île Wandel ou notre dernière Expédition hivernera en 1904-1905, et, nous rendant à la terre Loubet nous commencerions nos travaux dans la région inconnue située au Sud de cette terre. L’Expédition hivernerait au point le plus favorable reconnu par elle pendant cette première campagne d’été.

Pendant l’hivernage, en même temps que les travaux seraient poursuivis sur des bases fixes par une partie de l’État Major, des excursions et des raids seraient dirigés le long des côtes et dans l’intérieur des terres avec le double objectif de poursuivre nos propres études scientifiques et en même temps de pousser le plus loin possible vers le Sud dans l’inconnu, afin de rapporter des renseignements généraux sur ces régions, ainsi que sur les conditions d’exploration qui pourraient être utilisés par les savants qui nous succèderaient dans cette région.

Les renseignements fournis par les dernières Expéditions Antarctiques permettent d’espérer que les traîneaux automobiles pourraient rendre d’immenses services dans cette partie de notre campagne. Pendant l’été de l’année suivante, l’Expédition continuerait ses investigations par une campagne de navigation subordonnée aux circonstances et aux conditions.

Les travaux porteraient sur la Géographie, la Physique du Globe, (gravitation terrestre, météorologie, magnétisme, électricité atmosphérique, marée, courants etc;) Observations astronomiques, zoologie, géologie, bactériologie, biologie, océanographie.

Je m’efforcerai immédiatement de trouver la somme nécessaire à l’exécution de nos projets, somme qui dans un pays comme la France, où l’on trouve le plus grand désintéressement de la part des savants, qui demandent à faire partie de l’État Major et également des hommes d’équipage ne s’élèverait qu’à 750.000 frs. sur laquelle on pourrait le cas échéant déduire le prix d’achat du bateau que je ferai le sacrifice de prendre à ma charge personnelle et que je mettrais à la disposition des Laboratoires de notre pays, en vue d’être utilisé pour des recherches biologiques et océanographiques sous mon commandement, en attendant que l’Expédition soit définitivement organisée et prête à partir.

J’ose espérer Monsieur le Ministre que vous vous voudrez bien examiner et accueillir favorablement ma demande et je vous prie d’agréer l’assurance de mon très respectueux dévouement.


10 février 1907 Charcot

10 rue de la tour des dames
Paris