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émergeant du fond des eaux. Tantôt c’est une jolie villa qui se dresse, avec sa ceinture de fleurs, sur une de ces îles, tantôt c’est une simple cabane en bois, entourée de frais pâturages, tantôt enfin c’est un campement de Sauvages dont on aperçoit les tentes faites d’écorces ou de peaux. Ces Indiens, bien qu’ayant conservé leur teint cuivré, sont à demi civilisés ; ils s’adonnent principalement à la pêche dans leurs frêles canots d’écorce. Un rayon de soleil levant éclaire ce riant paysage, captivant surtout dans les parages d’Alexandria.

À peine a-t-on dépassé les Mille Îles qu’on rencontre les premiers rapides. Nous connaissons déjà celui de Lachine. Il en reste sept autres à franchir, fort inégalement espacés, depuis Prescott jusqu’à Montréal, sur une navigation de huit heures. Deux de ces rapides, le Long-Sault et le rapide des Cèdres, sont dignes d’attention. Les autres, il faut bien le dire, n’offrent qu’un médiocre intérêt.

À notre arrivée à Montréal, la délégation se désagrège. Quelques-uns de nos compagnons, qui ont conservé par trop mauvais souvenir de leur précédente traversée, s’en vont à New-York, avec l’intention d’y prendre le premier transatlantique en partance pour le Havre. La majeure partie se rend à Québec, pour remonter à bord du Damara, qui doit lever l’ancre le 4 septembre. Le même jour, dix d’entre nous se mettent en route pour le Nord-Ouest et la Colombie.

Lors de notre retour du Niagara,

Un mal qui répand la terreur


la picotte (petite vérole), puisqu’il faut l’appeler par son nom, faisait aux Montréalais la guerre.

Ils ne mouraient pas tous,
Mais tous étaient frappés


d’une de ces terreurs bleues qu’on ne saurait trop comparer qu’à celle inspirée par le choléra dans nos pays d’Europe. L’épidémie, bénigne lors de notre premier passage, avait fait des progrès sensibles à notre retour. Cinq semaines plus tard, en revenant du Nord-Ouest, c’était pis encore. Certains quartiers étaient peu fréquentés et avaient un air lugubre. Plus d’une habitation était fermée et sur bien des portes pendait un petit écriteau avec la mention « Small pox » indiquant que la maison était contaminée. En présence de cette recru-