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AU CANADA ET CHEZ LES PEAUX-ROUGES

en nombreuses petites bandes. La principale nation est celle des Cris, presque aussi importante à elle seule que toutes les autres tribus du Nord-Ouest. C’est la moins sauvage et aussi la plus accueillante de toutes les tribus indiennes. Aussi la plupart des trappeurs et coureurs de bois ont-ils contracté union avec les femmes des Cris, ce qui explique comment la langue de cette nation est parlée par presque tous les Métis. Les Cris, qui se divisent en Cris des prairies et Cris des bois, habitent par bandes toute la vallée de la Saskatchewan du Nord. Le véritable nom de cette rivière est Kisiskatchewan (le courant rapide), et il est fâcheux que, dans cette circonstance comme dans bien d’autres, l’orthographe géographique officielle ait dénaturé son origine indienne.

À côté des Gris se trouvent les Saulteux, dont le langage est presque identique ; les Sioux et les Assiniboines, dont la langue est le sioux, cantonnés sur la Qu’Appelle ; les Sarcis, les Pieds-Noirs, voisins de Calgary, les plus remuants et les plus indociles des Sauvages, ennemis héréditaires des Cris ; les Gros-Ventres, les Piégans et les gens du Sang, limitrophes des États-Unis, et dont la langue est le pied-noir.

Tout au nord, près de l’Athabaska, du Mackenzie, du lac Caribou, de l’île à la Crosse, se tiennent les Montagnais, les Castors et d’autres tribus avec lesquelles le gouvernement fédéral n’a point passé de traité, n’ayant pour cela aucun intérêt à le faire. En effet, ces tribus ont encore du gibier de terre et d’eau en assez grande abondance, et la région froide qu’elles habitent ne semble pas favorable à la colonisation. Il n’y a donc pas de famine à craindre pour les Sauvages, ni de protection à assurer aux colons qui n’existent point dans ces parages. Les Sauvages relèvent directement du ministère de l’intérieur à Ottawa, où il y a un bureau des affaires indiennes.

Les Sarcis sont une fraction de la famille des Castors. Ils habitaient jadis les bords de la rivière Lapa, mais à la suite de dissensions avec les Castors, il y a un siècle et demi, ils firent bande à part et descendirent dans la Prairie, près des Montagnes Rocheuses. Ils formaient alors un groupe de 150 familles ; mais décimés, comme la plupart des tribus, par les maladies (notamment la petite vérole), les excès et les privations, ils voient leur nombre sans cesse décroître et ne comptent plus qu’une quarantaine de familles. Cette décroissance vient aussi