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tualité, le général en chef fait camper ses soldats sur le terrain, décidé à continuer l’attaque le lendemain.

Le 10, la matinée est passée à se fortifier, puis la lutte recommence. Le 10e grenadiers (Toronto) et le 90e carabiniers (Winnipeg) renouvellent leurs attaques de la veille, mais la journée s’achève sans qu’un pouce de terrain ait été conquis.

Le 11, nouvelle fusillade. Middleton esquisse un mouvement tournant, mais les Métis l’attendent et il se heurte à une série de retranchements qu’il n’ose aborder.

Le 12, le général en chef, décidé à en finir à tout prix, tente un suprême effort. Une attaque heureuse lui livre le cimetière fortifié et un mouvement tournant prononcé fait tomber la résistance des Métis. Le feu de ceux-ci se ralentit, leurs munitions se font rares et, se voyant débordés, ils battent en retraite de toutes parts, abandonnant les otages retenus depuis près de deux mois, et laissant aux vainqueurs leur drapeau blanc orné de l’image de la Sainte-Vierge.

Le triomphe des troupes canadiennes est complet, mais il n’a pas fallu moins de quatre jours de combat pour enlever des positions admirablement choisies et défendues avec un rare courage. Riel n’eut jamais sous la main que 600 hommes environ, parmi lesquels 200 Peaux-Rouges, et c’est avec ces faibles forces qu’il tint en échec les troupes fédérales. Quelle eût été sa résistance si Gros-Ours et Poundmaker avaient opéré leur jonction avec lui ! Middleton avait eu à Batoche une soixantaine d’hommes hors de combat. Les pertes de Riel, quoique mal connues, furent bien plus considérables.

La prise de Batoche ne termine pas la guerre, mais le cœur de la résistance est brisé. Riel a disparu, mais on le sait caché dans le pays. Recherché de tous côtés, il est découvert par trois éclaireurs auxquels il se livre de lui-même (15 mai). Quant à Gabriel Dumont, qui s’est battu comme un lion, il gagne la frontière des États-Unis et se réfugie au Montana. Riel aurait pu suivre son exemple. Mais il a expliqué lui-même qu’il n’avait pas pris la fuite, parce qu’il avait foi dans la justice de sa cause.

Suivons maintenant les opérations des colonnes Otter et Strange, qui n’eurent pas la même importance que celle de Middleton.

Le colonel Otter, dont le but est de dégager Baltleford, quitte