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riel et l’insurrection des métis

au combat, le chaland qui lui eût permis de passer la rivière étant resté en arrière. Quand, celui-ci arriva enfin, le transbordement commença, mais l’action touchait à sa fin et la colonne arriva trop tard pour changer la situation.

Le 25, la journée se passe tranquillement, après une nuit d’angoisses pendant laquelle on avait redouté une attaque furieuse et l’enlèvement des convois. Le 26, on est tout étonné d’apprendre que G. Dumont a abandonné ses retranchements. Cette retraite après une victoire est restée inexplicable et on ne saurait l’attribuer qu’à la conduite mystique de Riel, absorbé par les révélations qu’il prétend recevoir.

Middleton, après avoir évacué ses blessés, complété ses approvisionnements, reçu quelques renforts et une mitrailleuse Gatling, que le steamer Northcote lui amène de Swift-Current, lève le camp le 7 mai, prend le 8 le contact de l’ennemi et commence, le 9 au matin, l’attaque de Batoche, où Riel a établi son quartier général et son centre de résistance. Les positions avancées des Métis, qui couvrent Batoche sont enlevées tout d’abord, et Middleton parvient à s’avancer jusqu’à l’église catholique qu’il occupe. Pendant qu’il exécute ce mouvement, une bande de Peaux-Rouges débouchant subitement d’un fourré, se précipite sur l’artillerie qu’elle aurait réussi à enlever si cette dernière, qui est restée attelée, n’avait pu battre en retraite immédiatement. Le feu de la mitrailleuse Gatling arrête les assaillants et les rejette dans le fourré.

À peine remis de cette alerte, Middleton aborde la ceinture de bois qui couvre Batoche et forme la clef de la position. Mais tous ses efforts viennent échouer contre la tenace résistance des Métis qui, protégés par des tranchées et une série de rifle pits, dirigent contre les troupes canadiennes un feu aussi nourri que redoutable. Aussi les colonnes d’attaque hésitent-elles à se lancer à fond. Le Northcote, armé en guerre, seconde depuis le matin l’attaque des troupes ; mais, assailli par un feu des plus violents des berges élevées qui dominent la Saskatchewan, il subit des pertes graves, se trouve presque désemparé et dépasse le théâtre des opérations. La nuit approche lorsque le feu mis aux hautes herbes et l’offensive reprise par les Métis forcent Middleton à abandonner l’église et à se replier un peu en arrière.

La situation est grave. Si Middleton recule, il est perdu, car sa retraite se changera inévitablement en déroute. Redoutant cette éven-