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chemin de fer du pacifique et du manitoba

outre, l’Athabasca fait de 14 à 15 milles à l’heure. Comme tout cela nous change du Damara !

La sortie d’Owen-Sound est assez difficile à cause de l’étroitesse du chenal ; mais bientôt nous nous élançons à toute vapeur dans la baie Géorgienne, fraction importante du lac Huron, dont les rives verdoyantes et relevées disparaissent peu à peu à l’horizon.

Au lever du jour nous nous engageons dans le détroit qui relie le lac Huron au lac Supérieur. Près de Round-Island, l’Athabasca est obligé de ralentir sa vitesse en raison des sinuosités décrites par le chenal qu’il faut suivre presque jusqu’à Sault-Sainte-Marie. La largeur du passage entre chaque ligne de balisage (marquée par des bâtons rouges à tribord et noirs à bâbord) n’est que de 20 mètres, et la profondeur en certains endroits ne dépasse pas 5 à 6 mètres. Rien n’est pittoresque comme de décrire avec le bateau de nombreux méandres à travers une multitude d’îles boisées au feuillage si harmonieusement nuancé. Quelques-unes de ces îles sont habitées et, au milieu de la verdure, on voit percer de ci de là quelques modestes cabanes ; sur d’autres se dressent des tentes de Sauvages dont les frêles canots d’écorce sont amarrés dans de petites criques, au-dessus desquelles une luxuriante végétation forme une voûte protectrice.

Après cet étroit et ravissant passage, qui ne le cède rien aux Mille Îles du Saint-Laurent, l’Athabasca entre dans le MudLake (lac de Boue) ; puis, après avoir défilé au milieu de paysages aussi variés que pittoresques, arrive en droite ligne au pied de montagnes couvertes de pâturages et de forêts. C’est en vain que le regard cherche à découvrir une issue, quand tout à coup le bateau fait un brusque virement à bâbord et s’élance à toute vapeur dans une passe moins étroite qui mène à Sault-Sainte-Marie.

Sault-Sainte-Marie, où nous stoppons quelques instants, est une petite ville assez importante située sur la rive des États-Unis. Son homonyme qui se trouve en face, sur la rive canadienne, lui est de beaucoup inférieure. Cette première et unique escale est surtout motivée par la nécessité de franchir l’écluse et le canal construits en vue d’éviter de nombreux et larges rapides qui forment comme un rideau d’écume au milieu duquel émergent quelques îlots de verdure. C’est en cet endroit, point médiane de la traversée, que nous croisons l’Algoma.