Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

XI

Les maîtresses de Louis XV.

C’est là le titre frivole, crayonné au pastel que portaient collectivement, lors de leur apparition, en 1860, les études de femmes intitulées maintenant : La Duchesse de Châteauroux et ses sœurs, — Madame de Pompadour, — la du Barry. Les deux volumes qu’elles formaient primitivement furent réédités en trois, lestés de documents nouveaux et de développements qui en font aujourd’hui un des tableaux les plus vivants et les plus complets que nous ayons sur le dix-huitième siècle.

Dans la préface qu’il écrivit en tête du premier de ces volumes, M. Edmond de Goncourt s’est montré bien sévère pour ces livres de jeunesse qu’il accuse de renfermer « trop de jolie rhétorique, trop de morceaux de littérature, trop d’airs de bravoure placés côte à côte, sans un récit qui les espace et les relie », et il ajoute : « J’ai trouvé aussi qu’en cette étude on ne sentait pas la succession des temps, que les années ne jouaient pas, en ces pages, le rôle un peu lent qu’elles jouent dans les événements humains, que les faits, quelquefois arrachés à leur chronologie et toujours groupés par tableaux, se précipitaient sans donner à l’esprit du lecteur l’idée de la durée de ces règnes et de ces dominations de femmes. Même ces souveraines de l’amour que nous avions tenté de faire revivre ne m’apparaissaient pas assez pénétrées dans l’intimité et le vif de leur féminilité particulière, de leur manière d’être, de leurs gestes, de leurs habitudes de corps, de leur parole, du son de leur voix… pas assez peintes, en un mot, ainsi qu’elles auraient pu l’être par des contemporains. Cette histoire