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VIII

Marie-Antoinette.

Nous sortons ici des menues bagatelles charmantes de la biographie historique pour entrer dans le grand courant de l’histoire. La vie de Marie-Antoinette comportait de larges développements et le récit, amplement ouvert, d’un des événements les plus dramatiques, d’un des revirements de fortune les plus terribles que l’histoire ait jamais eu à enregistrer.

Les travaux antérieurs que les Goncourt avaient publiés sur la Révolution et le Directoire, un peu secs, un peu trop précis, manquant de philosophie et de recul, ne donnaient pas une idée de ce qu’allait être leur Histoire de Marie-Antoinette. Michelet, quand il en vint à son Louis XV, leur donna un brevet d’historiens. Il loua la netteté de l’exposé, mais surtout le sens de l’époque et la sûreté de l’information. Le fait est que les lettres privées de la famille royale, les documents diplomatiques, surtout les Correspondances de la cour de Vienne au sujet des affaires de France, pendant les mois d’avril à décembre 1793 qui, jusqu’au jour de leur divulgation complète, avaient été soustraites au public, bien qu’elles apportent un contingent d’informations inattendues, n’ont pas sensiblement modifié la physionomie de la Reine. C’est la conduite des puissances vis-à-vis d’elle qui a été dévoilée et elle ne leur fait pas grand honneur. On trouve, dans ce dernier recueil, une lettre du prince de Condé se plaignant qu’au lieu de s’occuper de sauver la Reine, l’empereur d’Autriche, son neveu, ne songe qu’à s’emparer de l’Al-