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femme et d’enfants. L’autobiographie manuscrite, quoiqu’elle eût le ton et l’accent de Sophie, ne présentait pas alors un caractère suffisant d’authenticité. Elle leur servit simplement, avec le factum du narrateur inconnu, à éclaircir, en notes, quelques passages obscurs des lettres.

Si l’authenticité de celles-ci, attestée maintenant par les originaux des dépôts publics et des collections privées est indéniable, il n’en est pas moins vrai qu’elles n’ajoutent rien à la gloire de la comédienne. Elles feraient honneur, sans doute, à beaucoup de femmes, mais elles ne sont pas à la hauteur de l’étonnante réputation d’esprit que Sophie s’était conquise et des saillies, dignes de Piron, qui courent d’elle. Au reste, on remarquera qu’elles n’ont pas été écrites au temps de sa gloire, puisque les principales datent des environs de 1800, alors qu’elle avait cinquante-six ans. On y trouve sans doute encore, sous une orthographe fantaisiste, la verdeur des propos, mais non la hauteur d’impertinence des mots de Sophie et — bien que le qu’en-dira-t-on ne la gêne guères — il semble qu’il n’y ait plus là qu’un crépitement de soir de bataille et l’effort d’une ardeur mouillée.

La première édition, publiée par Poulet-Malassis, ne contient donc que les lettres, avec une courte ouverture biographique. Bien que les auteurs n’eussent pas peur de leur ombre, ils n’ont pas cru devoir publier le texte intégral et surtout une pièce, de la dernière intimité, dans laquelle un gynoscopiste fort précis, le docteur Morand, adressait au duc de Lauraguais, qui avait intérêt à le connaître, un relevé sur le vif de l’état sanitaire de Mlle Arnould. Mais un carton, tiré à très petit nombre, suppléait aux lacunes que présentait le livre. Ce carton n’a été distribué qu’à quelques amis et se