Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

travail allemand du temps d’Holbein, qu’a fait ad vivum M. Bracquemond, et qu’il a gravé à l’eau-forte avec une exactitude surprenante. Plus fidèle que les portraits précédents, malgré l’exagération évidente de l’écartement entre le nez et la bouche, la tête manque un peu d’enveloppe et de masse. Le grand clair de droite, sur lequel elle se détache, de même valeur que les lumières du front et de la joue, fige la figure et nuit à son relief. Toutes les choses d’alentour : terre cuite, meubles et porcelaines qui sont disséminées dans la maison et que le graveur a accumulées autour de la tête du modèle, sont trop poussées, trop faites, une par une, successivement, pour elles-mêmes, et sans grand souci de l’ensemble. On sent là l’œuvre d’un homme de grand talent qui a mis trop de soin et de conscience à tout montrer. Il y fallait des sacrifices. L’eau-forte, sans prétendre qu’on la limite aux effets d’improvisation et de fougue, ne nous semble pas comporter un travail aussi minutieux et aussi lent.

En somme, jusqu’ici, les portraits les plus fidèles et les plus beaux des Goncourt, sont ceux que Gavarni a dessinés sur une planche lithographique, dans la suite qui a pour titre MM. du Feuilleton.

Au premier étage de la maison d’Auteuil, couvrant les murs de haut en bas, est savamment classée une collection de livres sur le dix-huitième siècle. Il y a là beaucoup de séries uniques, de documents originaux, tous les pilotis de l’œuvre des Goncourt. L’intérêt de cette bibliothèque réside surtout dans l’inédit qu’on y trouve, dans les pièces à l’appui qu’on y a jointes. Chaque livre, la plus mince plaquette, gonflés d’auto-