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morency, à Auteuil. La façade toute blanche est timbrée d’un profil en bronze de Louis XV. La porte ouverte, dès le seuil, une préoccupation d’art s’impose, et, sur les murs, se faisant valoir l’un l’autre par leurs dissemblances ou par leurs affinités, vivent d’accord les deux arts qui ont le plus échappé à la contrainte, à l’imitation et au poncif : l’art de l’Extrême-Orient et l’art du dix-huitième siècle français.

Et toutes ces choses s’animent, dans le livre, sous la description pittoresque. À chaque cadre, à chaque terre cuite, à chaque porcelaine est épinglée une particularité sur son auteur, une circonstance curieuse sur la provenance, un rien de particulier, de vif et d’inattendu qui est à l’œuvre d’art ce que la mouche était au minois de nos grand’mères. Les deux salons d’en bas, tendus de rouge, murs et plafonds, sur base noire, font merveilleusement ressortir les cadres d’or éteint des pastels et des sanguines, l’étrangeté des formes, les tons rares des choses japonaises et chaque pièce du meuble de Beauvais où les bêtes, la bouche en cœur, semblent réciter les fables de La Fontaine. Qu’on lise les descriptions dans ce livre. S’il est des délicats qui l’ignorent, nous leur envions le bonheur de la découverte. Nous n’appuierons ici que sur les détails inédits, les accroissements nouveaux et les changements apportés à l’habitation depuis 1881.

Dans cette grande pièce du rez-de-chaussée qu’on trouve devant soi en entrant, M. Raffaelli a fait poser M. de Goncourt pour le portrait en pied qui fit sensation au Salon de 1888. Il a été acheté par l’État et placé au musée de Nancy. C’est l’œuvre curieuse d’un vrai peintre, mais les qualités rares qu’il a mises dans l’ambiance du tableau rachètent mal l’insuffisance de la tête souriante, contractée et sépulcrale. On n’y trouve