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des Goncourt ; elle n’est pas gaie. Si nous ne partons pas aussi tôt, nous irons vous voir.
Tout à vous tristement,
Edmond de Goncourt.

Nous nous sommes traînés aujourd’hui à l’exposition des Japonaiseries, et nous avons trouvé d’un goût supérieur la vitrine Burty.

En dehors de ses travaux de critique, à la Gazette des Beaux-Arts et au Rappel, M. Ph. Burty, en 1869, avait finement noté, dans un récit charmant, l’épisode d’un voyage au Mont-Dore. Il y avait rencontré une soubrette de la Comédie Française, morte depuis, en toute jeunesse et en plein sourire, qui grignotait alors fort gaiement la pomme d’Ève, sans permettre pourtant qu’on y mordit avec elle. Le récit de l’aventure avait été lu à Sainte-Beuve, qui, le récompensant par un sourire, avait trouvé son titre : Pas de lendemain !

L’auteur voulut parer son petit livre de toutes les élégances de la typographie moderne. M. Morin représenta, à l’eau-forte, sa scène principale ; le texte fut imprimé par Claye, dans un format carré insolite, avec des caractères cursifs relevés par un filet rouge et des culs-de-lampe congruants. Sur le titre, une grue japonaise, ailes au vent, tenait dans son bec la devise de l’auteur : Fier et Fidèle !

Quand il apprit l’envoi de la mignonne plaquette, tirée à petit nombre, à l’usage des amis, M. Edmond de Goncourt écrivit :

24 novembre 1869.
Cher ami,

Envoyez la petite brochure ! Nous n’étions pas au Japon mais en voyage, à la recherche du silence. Nous ne l’avons trouvé nulle part et nous sommes revenus depuis deux ou trois jours. Jules est très souffrant. Le premier jour où je pourrai le soulever de sa paresse maladive, nous irons vous rapporter