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Et c’était un moment de rassérènement bientôt suivi par de nouvelles tristesses. Cette idée poursuit le lecteur, durant tout le temps qu’il parcourt le livre, que Jules n’a pas seulement entrevu le succès qui allait ensoleiller l’œuvre à laquelle il avait voué sa vie, et qu’il est mort, en pleine bataille, sans en avoir connu le résultat.

Mais sa mémoire a été recueillie par une amitié fidèle. L’œuvre commune des deux frères assure définitivement leurs deux noms contre l’oubli. M. Edmond de Goncourt a voulu faire plus. Renonçant volontairement à la part de collaboration qui lui revient dans les lettres de Jules, il lui a élevé de ses mains un monument littéraire sur le socle duquel il a écrit simplement : Lettres de Jules de Goncourt.


XXIV

Le siège de Paris et la Commune. — Catalogue des œuvres de Watteau et de Prud’hon.

La déclaration de la guerre à l’Allemagne, notifiée le 15 juillet 1870, suivit de quelques jours la mort de Jules. Edmond, qu’un de ses parents avait entraîné à Bar-sur-Seine, rentra à Paris, dans la maison d’Auteuil que Jules avait habitée fort peu de temps. Elle était restée dans le désordre de l’emménagement ; les meubles n’avaient pas leur place, les cadres retournés, les cartons de dessins et d’estampes gisaient aux pieds des murs, et les livres, ficelés en paquets, étaient empilés au rez-de-chaussée.

Quand, après la capitulation de Sedan, on entrevit