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cens. Chaque autel, chaque monument chrétien réagissait sur son esprit. Excessive en tout, comme les natures passionnées, la direction mondaine, ouatée et polie d’un père du Gesù lui parut bientôt trop facile, insuffisante pour son salut. Cette personne dont l’état de santé affinait les sensations, qui cachait en elle toutes les délicatesses et tous les raffinements qu’avait développés une éducation d’élite, en vint à rechercher furieusement et à subir avec une ardeur farouche la direction d’un Trinitaire calabrais, chauchard en robe brune, fait pour secouer les consciences sauvages du bas populaire de Rome et des conducteurs de buffles qui, la lance droite, encerclés dans leurs manteaux vert sombre, vissés sur leurs petits chevaux noirs à l’œil vicieux, ont un si grand air quand ils viennent au marché, le dimanche matin, devant le Théâtre de Marcellus.

Dure à elle-même, impitoyable aux autres, en proie à une exaltation chronique, Mme Gervaisais se mit à partager les plus grossières superstitions. Sa raison fermentant la conduisit à l’extase. Elle arriva au dernier degré du mysticisme, « à l’assassinat de la nature par la grâce. »

Il est difficile de toucher aux questions religieuses sans y apporter des sentiments personnels, souvent innés qui font tourner l’œuvre en plaidoyer. L’originalité de Madame Gervaisais est le complet détachement de ses auteurs. L’indifférence est une garantie d’impartialité. Ils ont étudié l’endosmose du mysticisme dans un cerveau de femme, sans se laisser distraire ou détourner de leur sujet par le souci des conséquences pouvant découler de la démonstration qu’ils poursuivaient.

Ce livre ne trouva pas grâce devant les journaux