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fermée se rouvre et il s’affaisse, évanoui, sur un canapé. Effrayée, hors d’elle-même, Mme Maréchal cède à une aimantation irrésistible. Sur le front blêmi du jeune homme elle jette furtivement un baiser. Nous relayons ici à la première étape de l’adultère.

On entre, au troisième acte, dans une atmosphère d’épouvante. Tout le monde, excepté le mari, soupçonne la liaison des deux amants. Elle n’est même plus un secret pour la pauvre Henriette qui s’était mise, elle aussi, à aimer le beau jeune homme recueilli dans la maison. La jeune fille pleure son amour blessé. En vain, le frère de Paul, mentor maladroit qui a déjà causé tant de mal, vient-il supplier Mme Maréchal de prendre garde. Sa passion arrive à l’affolement quand elle apprend qu’elle a sa fille pour rivale. La pauvre femme éperdue veut renoncer à son amour, ne jamais revoir son complice. Mais Paul, la nuit venue, pénètre chez elle par la route accoutumée. Le mari, inquiété depuis quelque temps par de vagues indices, a vu un homme entrer furtivement dans sa maison. Il charge un pistolet, pénètre de force dans la chambre de sa femme et, à travers l’obscurité, il tire sur la forme blanche qui se dresse devant lui. C’est Henriette. Elle tombe et, pour sauver l’honneur de sa mère, se dévoue doublement, crie, par un pieux mensonge : « C’était mon amant, à moi ! »

Telle est cette pièce, plus violente que hardie, intéressante surtout par la recherche d’art qu’elle renferme. Le cadre tire l’œil plus que la peinture.

À partir du jour où Henriette avait été lue dans le salon de la princesse Mathilde, les journaux en avaient publié des analyses incomplètes et elle était devenue vaguement la proie du public. Peu de temps après, quand on sut, au quartier latin, que le Théâtre-fran--