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aux esprits libres

Nos dévots, même de la première classe, avoient voulu faire passer cette réformation prétendue de style jusque dans la manière de faire des enfants à sa femme, et trouvant une idée trop libertine, et une façon trop peu décente de se mettre dessus à nu, ils avoient imaginé de faire un trou chacun à leur chemise, pour opérer, disoient-ils, plus modestement et plus convenablement le grand œuvre de la propagation du genre humain.

Je laisse à juger si ceux qui en agissent ainsi n’ont pas l’imagination plus déréglée, que ceux qui tout uniment se mettent dessus, dans la simple nudité que la sage nature nous a donnée.

Avec quelque pureté d’intention que vous employiez les mots d’enfiler, remuer, branler, large, étroit, se retirer et cent autres, ils réveillent à présent des idées licencieuses. Personne n’ignore le rire scandaleux qu’ont excité, dans les derniers temps, ces quatre vers du grand Corneille :

Dis-moi donc, lorsqu’Othon s’est offert à Camille,
A-t-il paru contraint  ? A-t-elle été facile  ?
Son hommage auprès d’elle, a-t-il eu plein effet  ?
Comment l’a-t-elle pris  ? Et comment l’a-t-il fait  ?

La saine raison, lorsqu’elle conduisoit les hommes, ne leur avoit point appris à faire une distinction imaginaire d’une expression supposée gratuitement malhonnête, avec une autre qui ne blesse point la pudeur.

On prononce le mot crime sans remords, comme celui de vertu sans édification ; on croit avec justice n’être point garant des idées opposées que l’un et l’autre présentent. Par quel égarement