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Toi qui laissais mûrir ce sentiment divin,
L’amour de tes vingt ans, comme un fruit purpurin,
Que devait savourer la lèvre d’une amante,
Rougissante et troublée en sa pudeur charmante ;
Heurtant cette Phryné chez qui la honte bout,
L’œil tourné vers le ciel tu plongeas dans l’égout.
Malheur à qui pourchasse un rêve poétique,
Quand le gros bon sens rit, d’un gros rire sceptique.
Lorsque Bottom, jaloux des grâces d’Ariel,
Proclame insolemment à la face du ciel
Une épicurienne et grossière maxime ;
Malheur à ce rêveur, à ce voyant sublime.
Qui part en souriant vers l’horizon lointain,
N’ayant pour éclairer son voyage incertain
Qu’un seul flambeau, l’amour ! la route est longue et nue,
Il fait noir, l’ouragan siffle et crève la nue ;