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ANGÉLIQUE

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POÈME PARISIEN
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Magna adulteria.
Tacite.



Oui, l’Idéal se meurt. Oui, le Réel l’emporte ;
Sur ses coursiers d’airain il passe en rugissant ;
Au fond de notre cœur toute croyance est morte,
Et le pudique Amour voile un front rougissant.

Que porte l’avenir en son flanc insondable ?
Est-ce un Dieu jeune et fort, raisonnable et charmant ?
Est-ce un gnome hideux, un monstre méprisable ?
Que va-t-il donc sortir du long enfantement ?

Ah ! le travail sera douloureux et pénible,
La mère en se tordant râlera sous le fer ;
Il faut du sang versé dans cette lutte horrible :
Pour le gnome ou le Dieu le siècle aura souffert.

Sur terre il fut toujours deux races ennemies :
L’une, qui porte au front le sceau de l’Idéal,
L’autre, au vaste abdomen tout gonflé d’infamies,
D’appétits sensuels et d’amour bestial.